Qui attribue les logements Dalo : organisme et procédure en France

21 décembre 2025

Femme en bureau examinant des formulaires de logement

9 432 dossiers acceptés, 2 700 logements réellement attribués : ces chiffres bruts racontent, mieux que de longs discours, la tension qui traverse le dispositif DALO en France. Entre volonté politique affichée et réalité du terrain, l’écart se compte en années d’attente, en familles ballotées d’hôtels en foyers, en recours administratifs qui s’accumulent. Le DALO n’est pas un simple formulaire à remplir, c’est un bras de fer, parfois silencieux, entre citoyens précarisés et institutions débordées.

Le droit au logement opposable (DALO) : comprendre son rôle et ses enjeux en France

Le droit au logement opposable, plus connu sous le nom de DALO, a été inscrit dans le code de la construction et de l’habitation pour garantir à toute personne vivant sur le territoire français la possibilité de solliciter un logement décent ou, a minima, un hébergement digne. Cette démarche vise ceux qui, malgré tous leurs efforts, se retrouvent à la rue, dans des conditions insalubres ou menacés d’expulsion sans solution. L’État, contraint par la loi, ne peut plus détourner les yeux : il doit apporter une réponse, sous réserve que le demandeur coche les bonnes cases.

La rareté des logements sociaux et la montée continue du mal-logement ont changé la donne : désormais, une commission indépendante scrute chaque parcours. Parents hébergés à droite à gauche, personnes qui risquent de perdre leur toit, familles entassées dans des appartements trop petits ou dégradés : le spectre est large. La commission veille à ce que chaque proposition respecte les normes de décence et corresponde vraiment à la taille du foyer concerné.

Voici ce que la loi prévoit précisément pour le DALO :

  • Droit au logement opposable : inscrit dans la loi du 5 mars 2007 pour transformer la promesse en obligation réelle.
  • Public concerné : personnes sans domicile, hébergées temporairement, ou logées dans un logement indécent ou inadapté.
  • Procédure : dépôt d’un dossier auprès de la commission de médiation, réponse attendue sous quelques mois, et possibilité de saisir le tribunal administratif si besoin.

La création du DALO a imposé à l’État une nouvelle dynamique dans la lutte contre l’exclusion. Il ne s’agit plus seulement de distribuer des logements quand on peut, mais d’assumer une responsabilité claire devant la loi. Offrir un toit n’est pas un cadeau, c’est un droit, et chaque refus ou retard peut désormais se transformer en contentieux. La portée de la mesure touche autant à la dignité qu’à l’égalité de traitement : l’État doit prouver qu’il ne laisse personne sur le bord de la route.

Qui décide de l’attribution des logements DALO ? Focus sur les organismes compétents

Quand il s’agit d’attribuer un logement au titre du DALO, la décision n’est jamais prise à la légère ni par une seule personne. La commission de médiation, organe départemental composé de représentants de l’État, d’associations et de professionnels du secteur, examine chaque dossier avec minutie. Un magistrat ou une personnalité indépendante en tient la présidence, garantissant une certaine neutralité dans l’arbitrage.

Ce collectif ne se limite pas à un simple avis : il analyse la situation, statue officiellement sur le caractère prioritaire et urgent de la demande, puis transmet sa décision au préfet. C’est ce dernier, représentant de l’État dans le département, qui détient le dernier mot : il doit proposer un logement adapté ou une solution d’hébergement. L’engagement ne s’arrête pas là. Si le préfet ne propose rien dans le délai fixé, le demandeur dispose d’un levier supplémentaire : saisir le tribunal administratif et contraindre l’État à respecter la décision.

Pour clarifier le rôle de chaque acteur, voici les différentes étapes de la chaîne décisionnelle :

  • Commission de médiation : évalue l’urgence et la priorité du dossier.
  • Préfet : applique la décision reçue et met en œuvre une proposition concrète.
  • Tribunal administratif : intervient si aucune solution n’est apportée dans les temps.

Chacune de ces étapes engage la responsabilité de l’État, et la procédure ne laisse aucune place à l’improvisation. Les délais sont encadrés, la transparence est de rigueur, et toute défaillance peut aboutir à une condamnation. La chaîne institutionnelle, du dépôt du dossier jusqu’à la remise des clés, mobilise tout un réseau pour garantir l’équité et la réactivité.

Quelles sont les étapes pour faire valoir ses droits au logement DALO ?

Pour décrocher un logement décent à travers le DALO, il faut s’engager dans une procédure précise et parfois longue. Tout commence par le dépôt d’un recours DALO auprès de la commission de médiation du département où l’on espère être relogé. Ce recours, à caractère amiable, exige un dossier complet : description détaillée de la situation, justificatifs attestant des démarches déjà entreprises dans le parc social, preuves de la précarité ou de l’urgence. Un dossier incomplet, et la démarche s’arrête nette.

Une fois le dossier entre les mains de la commission, celle-ci évalue le degré de vulnérabilité, l’urgence, et le fait que la personne n’ait reçu aucune proposition adaptée malgré ses efforts. Les délais sont clairs : six mois maximum pour un logement, trois mois pour un hébergement. Après étude, la commission rend sa décision : le requérant est-il reconnu prioritaire au titre du DALO ou non ?

Si la réponse est positive, le préfet est officiellement chargé de faire une proposition de logement ou d’hébergement adaptée. Si la machine administrative s’enlise ou si la solution tarde, le demandeur a la possibilité de saisir le tribunal administratif et d’obtenir, parfois après plusieurs mois de patience, gain de cause.

Voici, étape par étape, comment se déroule la procédure DALO :

  • Recours amiable devant la commission de médiation
  • Instruction du dossier et respect des délais fixés par la réglementation
  • Décision officielle, puis transmission au préfet
  • Possibilité de recours devant le tribunal administratif en cas d’absence de proposition ou de retard injustifié

Ressources pratiques et contacts pour accompagner votre démarche DALO

Pour ne pas se retrouver seul face à la complexité du droit au logement opposable, il existe toute une palette de ressources et de soutiens. Le guide DALO, disponible auprès de la préfecture ou sur les sites officiels, détaille chaque étape, liste les pièces à fournir et précise les recours en cas de difficulté. Ce document, rédigé dans un langage clair, constitue une première boussole pour les personnes qui se lancent dans la démarche.

Tout au long du parcours, les associations DALO se révèlent précieuses. La fondation Abbé Pierre propose un accompagnement personnalisé : analyse de la situation, aide à la constitution du dossier, orientation vers les bons interlocuteurs. Sur le terrain, des structures comme Droit au logement ou le SAMU social épaulent les demandeurs, que ce soit pour remplir les formulaires, rassembler les justificatifs ou défendre les droits des personnes en cas de blocage administratif.

Voici les principaux relais à solliciter pour avancer dans la procédure DALO :

  • Préfecture du département : point d’accueil pour retirer le guide DALO et déposer son dossier.
  • Associations spécialisées : accompagnement dans la rédaction du recours, médiation auprès des commissions de médiation.
  • Points d’accès au droit : conseils juridiques gratuits, orientation vers le tribunal administratif si la situation l’exige.

Pour ceux qui affrontent l’urgence, l’hébergement temporaire en foyer, en résidence hôtelière à vocation sociale ou par un dispositif transitoire permet de trouver un abri, le temps que les démarches aboutissent. S’entourer de travailleurs sociaux, fins connaisseurs du code de la construction et de l’habitation, accélère souvent la procédure. Leur expérience fait la différence pour sécuriser un parcours semé d’embûches.

Entre attente, espoirs et recours, le DALO cristallise les contradictions d’un système sous tension. Mais derrière chaque dossier attribué, il y a une histoire qui bascule, parfois, la clef d’un appartement suffit à relancer tout un avenir.

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